Les articles précédents nous ont montré l’importance de la détermination des seuils grâce au testing dans les sports d’endurance.
Par l’intermédiaire de Cercle Performance, nous avons pu observer l’importance du testing dans le triathlon de haut niveau !
Dans cet article, on vous explique comment sont utilisés les protocoles à mesures de lactatémie dans la quantification et la planification de l'entraînement en Triathlon.
Avant de commencer, il peut être intéressant de revoir les bases de la lactatémie et sa place dans la régulation de l'entraînement.
Les tests physiologiques à mesures de lactatémie consistent à contrôler la lactatémie entre chaque palier d’un test incrémental, pour analyser son évolution et déterminer des zones d'entraînements physiologiques personnalisées pour chaque athlète.
Ils sont de plus en plus administrés à tout niveau dans les sports d’endurance et notamment en triathlon, grâce au modèle d'entraînement des norvégiens qui ont beaucoup communiqué sur le sujet.
En effet, Kristian Blummenfelt (champion Olympique et champion du monde IronMan en titre) et Gustav Iden (double champion du monde Half-IronMan et invaincu sur la distance), partagent leurs méthodes d'entraînement basées sur différentes batteries de tests physiologiques, dont le contrôle de la lactatémie.
Dans une démarche de progression, le groupe de triathlète Echirollois Cercle Performance s’intéresse de plus en plus à la place de la physiologie dans l'entraînement. Constitué de triathlètes aux excellents résultats internationaux : Dorian Coninx, Tom Richard, Sylvain Fridelance ou encore Noah Servais, le groupe a développé un suivi des athlètes grâce à un contrôle de la lactatémie où nous avons pu les assister.
L’objectif était d’établir un protocole de testing physiologique fiable dans la détermination des seuils avec des mesures de lactatémie facilement reproductibles à l'entraînement.
Nous avons donc mis en place des tests propres aux 3 disciplines basés sur l’analyse des cinétiques de lactatémie, de fréquence cardiaque, et de vitesse / puissance.
Les tests physiologiques à mesures de lactatémie permettent la détermination des seuils physiologiques, une quantification de la fatigue à un instant T, mais ils ne permettent pas la recherche d’indice de performance tels que la VO2max ou l’économie de course.
Le bénéfice principal réside donc dans l’individualisation des zones d'entraînements grâce à ces tests.
Ces tests sont essentiels selon Julien Pousson, à gauche ci-dessus, entraîneur du Cercle Performance :
“Réaliser des tests physiologiques régulièrement me permet d’avoir une idée précise du niveau physiologique de l’athlète à un instant-T et de l’évolution de celui-ci au cours de la saison. D’autre part, la mise à jour de zones d'entraînements fiables de façon régulière à permis d’individualiser le travail et de m’assurer de la réussite de l’objectif dans chaque séance.”
Les tests à mesures de lactatémie sont aussi plus faciles à reproduire, car moins encombrants en matériel et moins coûteux (quelques centaines d’euros pour un analyseur sanguin de lactatémie contre plusieurs milliers d’euros pour un analyseur d’échanges gazeux).
Enfin, le suivi de l'entraînement au quotidien est un élément essentiel des mesures de la lactatémie. Il permet d’observer les adaptations de l'entraînement et contrôler l’intensité tout au long de la séance, comme vu dans un article précédent.
On peut donc dire que les tests physiologiques basés sur le contrôle de lactatémie, amènent de nombreux avantages par rapport aux tests avec analyseurs d’échanges gazeux dans la détermination des seuils physiologiques. On les définit comme essentiel dans la définition des zones d'entraînements et le suivi de l’athlète au quotidien.
En revanche, pour avoir un bilan complet sur l’utilisation des substrats, l’économie de course ou encore définir précisément le profil physiologique, le test avec analyse des échanges gazeux reste plus adapté.
De la même façon que les tests à mesure des échanges gazeux, les tests à mesures de lactatémie permettent de déterminer les seuils physiologiques grâce à l’étude de son évolution par rapport à l’intensité.
Il existe cependant de nombreuses différences dans les protocoles ou l’analyse.
Tout d’abord, le contrôle de la lactatémie demande un temps d’arrêt entre les paliers pour prendre les mesures, car il n’existe pas de capteurs qui mesure la lactatémie sanguine en continu, donc il faut arrêter l’athlète pour chaque mesure.
Ensuite, nous ne pouvons pas effectuer les mêmes longueurs de paliers que lors d’un test où l’on mesure les échanges gazeux, car la cinétique de lactatémie demande une durée qui permet l’apparition d’une stabilité physiologique définie entre 6 et 9 min (Pitre C. Bourdon, Sarah M. Woolford, Jonathan D. Buckley, 2014).
On observe ici les différences d’évolutions entre la VO2 et la lactatémie, il est donc évident que les protocoles de tests pour la détermination des seuils ne seront pas les mêmes.
Les protocoles contiennent moins de paliers mais des intervalles plus longs.
Afin d’optimiser l’analyse et la détermination des seuils, on cherche à avoir le plus de mesures possibles autour du 1er seuil (proche de la première augmentation de lactatémie), jusqu'au dessus du second seuil (lorsque l’effort devient très soutenu, la lactatémie et la fréquence cardiaque dérivent excessivement).
Contrairement à un test VO2max, l’atteinte de l’effort maximum n’est pas recherchée ni systématique, bien que cela nous aide toujours à identifier un état de forme chez l’athlète.
La particularité du Triathlon, comme vous le savez bien, est qu’elle contient trois disciplines. Il faut donc adapter les protocoles de test aux spécificités de chacune d’entre elles. On cherche à avoir des résultats précis durant les tests dans chaque discipline, car le premier seuil en course à pied, n’est pas égal au premier seuil en vélo ou au premier seuil en natation.
La solution pour adapter au maximum les protocoles, est donc de ne pas hésiter à utiliser tous les outils de gestion de l’intensité, que ce soit la puissance, la vitesse, les échelles de Borg qui quantifient le Rating of Perceived Exertion (RPE), et qui donne des indications sur les sensations du triathlète (Chez Sporttesting nous la quantifions de 0 à 10).
Grâce à cela, nous pouvons fixer les intensités demandées aux triathlètes pour avoir les données les plus représentatives du niveau et de la forme de ces derniers.
Ce croisement des données physiologiques et de perception des triathlètes à permis à Julien Pousson de définir au mieux les seuils physiologiques ainsi que de suivre au mieux la progression des triathlètes.
Il décrit ainsi les avantages de collaborer entre professionnels du sport et accompagnateur de la performance :
“Cela nous a apporté une expérience et expertise sur la faisabilité, la reproductibilité et l’analyse des tests”
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